Les victimes des défoliants déversés par l’armée américaine n’ont plus peur de parler. Si des associations tentent de faire reconnaître leurs souffrances, le gouvernement vietnamien, lui, privilégie ses relations avec Washington.
Un premier groupe de victimes vietnamiennes a demandé une réparation légale et une indemnisation aux entreprises américaines, notamment Dow Chemical et Monsanto, qui fabriquaient à l’époque l’herbicide. Dans leur plainte déposée à New York, le collectif soutient que le défoliant a provoqué de nombreux cas de malformation congénitale, de fausse couche, de diabète et de cancer, et que son utilisation devrait être considérée comme un crime de guerre commis contre des millions de Vietnamiens. Les industriels, eux, affirment qu’aucun lien scientifique n’a jamais été établi et qu’il faudrait tenir l’Etat américain, et non les entreprises, pour responsable de l’emploi du produit chimique. Le 13 mars 2005, le juge américain a rejeté la plainte déposée contre les sociétés, la déclarant dénuée de tout fondement juridique. Selon les organisations de soutien aux victimes, le tribunal a subi d’intenses pressions de la part du ministère de
L’affaire revêt une importance particulière pour les organisations locales de la société civile, encore peu développées mais de plus en plus revendicatrices. A Hanoi, une conférence internationale organisée les 16 et 17 mars derniers a examiné les conséquences sociales du défoliant utilisé en temps de guerre – une rencontre qui, il y a quelques années encore, n’aurait sans doute pas été possible sans le soutien des autorités. Jusqu’à présent, les études sur les effets du produit chimique portaient principalement sur les aspects scientifiques, qui prouvent un lien entre l’exposition à la dioxine et de nombreuses maladies. L’Association vietnamienne des anciens combattants a également mis en avant des milliers de cas avérés de malformation congénitale.
Des dizaines d’années durant, le gouvernement vietnamien a publiquement dénoncé, preuves à l’appui, l’impact de l’agent orange sur les populations civiles dans le cadre du musée des Crimes de guerre, à Hanoi.
Mais, alors que ses relations avec Washington tendent à se réchauffer, le gouvernement a récemment mis un bémol à la dénonciation de ces exactions. Cependant, si le gouvernement se fait plus discret sur la question, les associations locales reprennent le flambeau avec ardeur.L’une de ces organisations impliquées dans la plainte déposée à New York, le Center for Gender, Family and Environment in Development (CGFED) s’efforce de recueillir le maximum de témoignages des victimes. “Maintenant que nous avons intenté un procès, les langues commencent à se délier”, affirme Pham Kim Ngoc, directrice adjointe du CGFED, qui a organisé la conférence en mars dernier.
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