Qui sommes nous "métis" ? En France, nous ne sommes pas français, au Viêt Nam (ou dans l'ancien Indochine), nous ne faisons pas partie de notre pays natal. Est-ce une ethnie complètement à part ?
Je n'aime pas le terme " Eurasien ". Le titre de mon blog n'est qu'une provocation (vis à vis de moi bien entendu).
Métis :
Qu’est-ce que c’est un métis ? Qu’est-ce qu’un Eurasien ? On pourrait disserter pendant des heures sur ce sujet et chacun donnerait des avis différents.
Voilà mon analyse :
La notion de métis (du mot latin mixtīcius, <>
Je me demande même, s'ils sont des humains. Puisque depuis des années, on fait des recherches ou des études sur eux et ils les appellent des éléments ou des spécimens. Voir ici éventuellement :
Anthropologie des métis Franco-Vietnamiens
Voir aussi plus bas les études et l'ouvrage du Dr Martial.
Alors que les mélanges entre européens ne sont pas considérés comme des métis. Il y a eu tout de même mélange. Exemple entre un anglo-saxon et une française ou une suédoise avec un italien etc. ces couples ne sont pas des métis car tous deux sont des européens. On les appelle comment ? Ah oui ! Franco/allemand ou franco/italien etc. Il y a d'autres exemples naturellement.
Je me suis toujours posé la question sur cette contradiction de considération suivant les continents, il y a des croisements et croisements . D’un côté, ils sont alignés dans les mêmes catégories que des animaux ou des choses, les autres ont droit à un nom bien défini parce qu'ils sont d'un continent blanc.
Liaisons mixtes :
Du temps de la colonisation en Indochine, il y a eu des liaisons mixtes, j’ai bien dit « mixtes », pas des mariages. Les mariages entre européens et annamites (*) étaient très, très rares, cela ne se faisait pas, le colon dans cette situation descendait automatiquement d’une classe sociale inférieure, c’était indécent, il risquait que les autres européens lui tournaient le dos. Certains disaient même que ces liaisons pourraient dénaturer la race, en pensant à la race blanche bien entendu.(**) Le mariage d’un annamite avec une européenne sont encore plus rares mais cela existait. Exemple entre un fils d’un Mandarin avec une européenne quelconque par intérêt très souvent, pour le titre ou point de vue pécuniaire, possible aussi qu’un doct
eur annamite ou autre qui a eu la chance de faire ses études en France, prenait une blanche pour épouse. Les titres que j’aie pris pour ces mariages ne sont que des exemples et c’était du temps de la colonisation. Je n’exagère pas mais la majorité des mariages c’étaient comme cela.
Des liaisons entre une européenne et un annamite ou autres asiatiques, alors là, pas du tout. Du moins à ma connaissance.
(*) Les vietnamiens étaient appelés ainsi du temps de la colonisation. Vous remarquez que dans le temps les vietnamiennes portaient des jupes.
(**) Voir l'ouvrage des travaux du Dr. Martial à cette époque sur l'étude multi-ethniques. Il disait qu'un mariage d'un français ou d'une française avec des indigènes, donne une descendance souvent dégénérée. Son œuvre a été salué par le sénateur Pierre Even comme « un travail d’une importance considérable, qui complète l’œuvre de trente années de labeur.
Et « apporte au monde politique et médical un enseignement précieux ».
Peut-être que c'est la raison pour laquelle que je me sens débile parfois. lol !
Eurasiens :
Quelques temps après les rejetons métis issus de ces liaisons pour les différencier des européens et des annamites, les colons ont trouvé le nom de « eurasien ». Le Larousse donne maintenant pour ce mot, la définition: "métis européen et asiatique". Ce qui veut dire que le métis devenu eurasien n’est ni européen (*), ni annamite, même s’il est reconnu par le père français par exemple. C'est comme j'avais dit plus haut, une ethnie à part. Un eurasien de nationalité française était au même titre qu’un annamite qui a pu obtenir la nationalité française, il restait aux yeux des colons un eurasien, pour l’annamite lui aussi, restait un annamite. Remarquez que cela n'a pas évolué de nos jours. La nationalité est bonne pour le service militaire pendant la guerre d’Indo (**), être des petits gradés d’encadrement des Linh Tap (Les Linh Tap sont des militaires indochinois au service de la France). Aux yeux des colons, un eurasien n’était pas un français, je pousserai à dire qu’ils le considéraient comme un bâtard issu d'une nuit d'amour, si on pouvait appeler cela " AMOUR". Au Cambodge et au Laos c’était le même topo. Pourtant le décret du 4 novembre 1926 porte sur l’accession à la qualité de français des métis indochinois. Tu parles des décrets ! C’était la couleur de la peau qui comptait dans les colonies, on était très loin de la France pour se rappeler, ou savoir lire les décrets (Remarquez que cela n'a pas changer de nos jours). J’en profite ici pour dire que la majorité des colons n’était pas tous des intellectuels, un petit gradé en France pouvait se retrouver comme cadre en Indochine, un petit manu en France, chef de service dans les colonies, il y a des cas pires que cela mais ce n’est pas le sujet pour les développer ici.
Petite histoire vécue : Lors de mon séjour au Gabon, le chef du frete (prêté par Air France à Air Gabon) était un manu de Orly, il ne savait même pas lire un telex.
Je parle de l’Indochine, de l’Asie mais dans les 5 comptoirs des Indes, Pondichéry, Karikal, Yanaon, Mahé et Chandernagor, c’était sûrement la même chose.
La différence c'est qu'en Indochine, les indiens étaient supérieurs aux annamites, ils étaient toujours leurs chefs. Les annamites étaient des subalternes même s'ils possédaient des diplômes que les indiens en avaient pas.
(*) J’ai écrit européen car il y avait aussi des italiens, allemands etc. mais la majorité était français.
(**) Les Linh Tap ne faisaient pas seulement la guerre en Indochine mais ils étaient envoyaient en France pendant la guerre 14/18 & 39/45. Pour l’histoire, il faut dire aussi que beaucoup n’était pas des volontaires mais la majorité était envoyé par force en France pendant ces 2 guerres, comme mon oncle maternel. Après la 2 ème guerre, ils sont restaient comme travailleurs forcés jusque dans les années 50 puis renvoyés au Viêt Nam. Comme la majorité avaient la carte de la CGT, ils se sont tous retrouvés enfermer en détention au Cap St Jacques.
Il y avait même un reportage sur ce sujet : Les hommes des trois Ky de Dzu Le Lieu.
Quarterons :
Ce n’est pas fini l’histoire des métis ou eurasiens. Il y avait même en ce temps là, des métis qui possédaient quelques gouttes de sang blanc en plus, pour montrer leur différence avec les autres eurasiens se présentaient ou se faisaient appeler « quarteron ».
Dominique Rolland dans son livre « De Sang mêlé » se posait la question : quarteron ? Un quart de quoi ?
Personnellement, je n'ai jamais compris pourquoi ils avaient honte d'avoir des grands parents annamites. Pourquoi toujours vouloir montrer qu’ils avient un peu plus de sang plus blanc que les autres qui ne sont que moitié- moitié ? Pourquoi dédaignaient-ils d'avoir du sang du petit dragon ? C’est n’importe quoi comme mentalité. Avoir honte de son sang, c'est renié soi même. Et celui qui avait le ¾ à l’envers comment les appellerait-on alors ? De nos jours, il existe encore toujours des métisses, métis qui persistent à dire, je suis quarteron, je suis quarteronne. Tu parles ! Cela me fait une belle jambe.
Moi métis, ayant une mère vietnamienne, personnellement, je suis fier d'avoir du sang viet qui coule dans mes veines. A mon avis, petit à petit toutes ces chinoiseries sur les degrés de race vont disparaître avec les générations futures. Enfin, je l'espère !
Multiraciales :
En France comme dans les différents pays d’Europe, sont devenus dans ces dernières années une société multiraciale par les flux migratoires successifs pour cause de guerre ou raison économique, sans parler des mélanges entre les locaux et les émigrés. Si on s’amuse à faire, comme écrit ci- dessus, des petites parts de races puis des degrés de races, on ne s’en sortirait plus.
Mes petits enfants ont des petites gouttes de sang français, vietnamien, chinois, allemand, portugais et japonais même, par des arrières grands parents, des grands parents puis des parents. Il y en a un qui a les yeux bleus, un autre, verts et un autre, marrons claires. Dommage, mais aucun des yeux noirs. Les gens du Nord du Viêt Nam ont beaucoup dans la majorité des yeux noirs comme je les aime.
Au fait, ils sont quoi mes petits enfants avec tous ces mélanges ? En résumé, je pense qu’ils sont français tout simplement comme moi…..
Je plaisante, moi français ? Là c’est encore une autre histoire…..à suivre.
Une anecdote
Les colons étaient en majorité des racistes, c'est connu mais l'armée, n'oublions pas celle là, car elle était aussi, sauf quelques exceptions.
Si vous avez lu mon profil, vous saurez que je suis un ancien enfant de troupe de l’école de Dalat. Lors d’une visite du Général de Lattre à notre école de Dalat dans les années 50, le Général s’étonnait qu’elle portait le nom de : Ecole des enfants de troupe « eurasiens » de Dalat. Pourquoi EURASIEN se demandait-il ? Mais ils sont français. Allez ! Enlevez-moi ce mot eurasien. Ensuite, il a pris la décision de nommer désormais notre école : « Ecole des enfants de troupe de Dalat ». Du même coup, il avait décrété qu’elle aurait les mêmes statuts que les écoles militaires de France. Voilà un homme qui avait les yeux un peu plus ouverts que les autres français.
Nota : L’article dans Wikipedia au sujet de l’école en Indochine est erroné. En ce qui concerne le motif « Suite à l'élargissement du recrutement, le mot eurasien fut supprimé, l'acronyme devenant EETD ». Quel élargissement ?
Il y avait toujours eu que des métis, quelques vietnamiens naturalisés et à ma connaissance un seul français de la Cochinchine, mon ami Marco.
Amérasiens :
L'appellation " Amérasien " a vu le jour après la guerre du Viêt Nam pour les métis " Etats Unis et Asiatique ". Je pense que c’est valable aussi pour les croisements entre Canadiens et asiatiques mais aussi avec l’Amérique du Sud.
Et la citoyenneté, la nationalité que deviennent-elles dans tout cela ? Aux Etats unis, ils ont des appellations aussi bizarre. Ils ont des afros machin, des latinos machin...etc. Je crois qu'il y a maintenant des asio-américains. J'avoue que je perds mon "latino" avec tous ces trucs en "O".
C'est une histoire d'O. Lol !
Ambiguïté :
Hors sujet mais intéressant à savoir : - COCHINCHINE - En juillet 1857, sous l’insistance de l’Impératrice Eugénie, Napoléon III envoyait un corps expéditionnaire ( mon grand père paternel faisait partie) vers la Cochinchine pour mettre fin au soi-disant massacres des missionnaires par les annamites cochinchinois. Cette terre vietnamienne de la Cochinchine devenait une terre française en 1867. Tous les habitants de la Cochinchine sont devenus des « sujets français » jusqu’en 1949. Sujets français ne veut pas dire français, c'est classé encore et méthodiquement en plusieurs catégories. C'est trop long pour développer ce sujet, peut-être un autre jour.
Avant cette date, il fallait avoir pour les natifs l’équivalent d’ un passeport pour se déplacer dans le pays. Toutes les modalités administratives de la Cochinchine dépendaient de la France, le reste du pays relevait du roi, "en théorie" car n’oublions pas que la France avait la main mise sur toute l’Indochine. De toute façon, il était interdit à un indigène de sortir hors du pays, sauf autorisation écrite pour effectuer des études en France. En principe là aussi, c'est réservé pour quelques privilégiés, à moins de se faire embaucher sur un bateau comme un certain " oncle ". Il était de même pour les autres colonies.
C'est incroyable cette histoire de laisser passé pour se déplacer dans son propre pays !
A l'heure actuelle, au Viêt Nam indépendant, c'est aussi illogique et incompréhensif ; pour revenir dans son propre pays, son pays natal, il faut un passeport avec visa.
Citation :
« Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut être la condition nécessaire pour conserver l'intégrité de son moi » - Milan Kundera
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